C’est au mois de septembre 1850 que vingt-trois personnes ont pris la pose, alignées sur quatre rangs, assises ou debout, devant l’une des portes-fenêtres de la maison de maître de Beaulieu. Ce grand groupe se compose avant tout de membres plus ou moins proches de la famille Eynard, qu’une inscription au verso identifie pour la plupart. Outre Sophie, Charles et Hilda Eynard, on reconnaît Wilhelmine Eynard et ses trois enfants, Gabriel et Cécile Bouthillier de Beaumont avec leurs cinq premiers enfants, Marie et Henri de Regny, ici sans leurs parents, Edouard Gaulis et Pauline d’Ochando. L’identité des autres personnes reste à déterminer. Eynard a remarquablement réussi ce portrait de groupe, malgré le nombre de personnes et, surtout, d’enfants représentés. La plupart des visages sont nets et bien exposés, excepté ceux qui se trouvent à droite de l’image. En outre, le jeune Auguste Bouthillier de Beaumont a bougé pendant la prise de vue. Les vêtements des personnages, et plus particulièrement les toilettes féminines, ressortent avec une grande précision, qui permet d’admirer la texture et le tombé des étoffes, la diversité des motifs à carreaux ou à rayures, la finesse des dentelles et des rubans, sans compter les multiples modèles de coiffe féminine – capote, voilette ou bonnet de lingerie, porté avec une ferronnière dans le cas d’Anna. En outre, les individus ne posent pas de façon figée : plus de la moitié ne regardent pas l’objectif et si certains visages sont de face, d’autres sont de trois quarts ou de profil. Les expressions varient de même, tantôt sérieuses, rêveuses, bienveillantes, amusées, tantôt ennuyées, voire boudeuses. Plusieurs personnes vont par paires. Anna et Sophie Eynard, tournées de trois quarts l’une vers l’autre, semblent arrêtées en pleine discussion ; Eynard a posé une main affectueuse sur l’épaule de Charles ; Pauline d’Ochando a passé son bras autour de celui d’Hilda ; Gabriel Bouthillier de Beaumont porte sa fille Anna tandis que son épouse Cécile soutient la tête de leur fille Pauline, blottie dans ses jupes, certainement pour l’empêcher de bouger pendant la prise de vue. Cette scénographie élaborée témoigne de l’attention qu’Eynard portait à la disposition de ses modèles. (I. Roland)
Inscription posthume : Non
Inscription posthume : Oui
Inscription posthume : Oui