C’est devant la façade sud-est de la maison de maître de Beaulieu qu’Anna et Jean-Gabriel Eynard et leur famille ont pris la pose au mois d’octobre 1852. L’image est inversée ; en effet, la statue de Mercure se trouve en réalité à gauche de la porte-fenêtre médiane, reconnaissable à son store extérieur en tissu brodé qui ajoute une touche décorative à l’ensemble. Comme il montre la façade de trois quarts, l’angle de vue crée une perspective accélérée qui met en évidence la succession de colonnes et de niches dont les lignes verticales scandent la composition. Un recul suffisant et un terrain plat ont permis d’éviter les déformations et font apparaître ces lignes parfaitement parallèles. Les personnes s’échelonnent sur cinq rangs le long de la façade, seules ou par groupe, dans une position naturelle ou figée, le regard tourné ou non vers l’objectif. Au premier plan à droite, Hilda Eynard, le bras replié pour soutenir sa tête, semble perdue dans ses pensées. Derrière elle, sa grand-mère Anna, couverte d’un châle, pose de profil dans une attitude un peu hiératique que l’on retrouve presque à l’identique sur un double portrait pris visiblement le même jour (2013 001 dag 079). Au troisième rang sont assises Marie de Regny et sa fille, toutes deux coiffées d’une capote en paille, en compagnie de Caroline de Traz, la sœur de Marie. Debout au quatrième rang, Eynard tient la main du petit Henri de Regny, tandis que Charles Eynard passe affectueusement son bras autour de l’épaule de son épouse au dernier rang. À gauche de l’image sont disposés divers meubles et objets dont on ignore la signification : deux chaises vides, sur l’une desquelles est posé un chapeau haut-de-forme, un vase de style antique et un guéridon qui supporte une sorte de petite fontaine décorative agrémentée d’oiseaux. Cette dernière figure sur quatre autres stéréoscopies, dont deux prises vraisemblablement le même jour que celle-ci (2013 001 dag 079 et 2013 001 dag 119). Le visage d’Hilda est un peu flou sur la vue de gauche, mais dans l’ensemble ce portrait de groupe reste très net grâce à une grande profondeur de champ, particulièrement appropriée à une image destinée à être vue en relief. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non