Selon une inscription apposée au verso, c’est le 23 août 1850 qu’Eynard a pris ce portrait de groupe dans son domaine de Beaulieu. Il est assis au premier rang à droite de son épouse Anna, suivie d’Adélaïde Charlotte de Staël, née Vernet, veuve du baron Auguste Louis de Staël, et d’une certaine Mademoiselle Pomaret. La baronne, belle-fille de la célèbre romancière Germaine de Stäel, a hérité du château de Coppet, situé à une trentaine de kilomètres de Beaulieu. Les trois jeunes gens debout au deuxième rang sont plus difficiles à identifier. L’un d’entre eux, sans qu’on sache lequel, est Paul de Broglie (1834-1895), fils d’Albertine de Staël et de Victor de Broglie, élevé par sa tante Adélaïde Charlotte de Staël à la suite du décès de sa mère alors qu’il n’avait que quatre ans. Il deviendra professeur et abbé, et l’auteur de nombreux ouvrages religieux. Un autre est un certain « Humann » et le troisième, l’un des fils d’André Charles Vernet, allié Menet, soit un autre neveu d’Adélaïde Charlotte de Staël. Les liens entre les familles Eynard, de Broglie et de Staël se sont probablement faits au sein des mouvements "revivalistes" et évangéliques.
Une fois de plus, Eynard a placé ses modèles de façon à créer une composition élaborée qui tend à la symétrie, tout en offrant une certaine diversité. À l’arrière-plan, on reconnaît l’une des portes-fenêtres de la maison de maître de Beaulieu dont l’ouverture est masquée par une toile foncée. Au premier rang, la baronne de Staël, assise de trois quarts et toute de clair vêtue, forme le pendant d’Anna, assise à côté d’elle. Mademoiselle Pomaret et Eynard, qui regarde en direction de la baronne, son chapeau rond à la main, sont placés de part et d’autre. Debout au deuxième rang, les trois jeunes hommes ponctuent et rythment la composition ; l’un est situé dans l’axe de la baie ; les deux autres, le chapeau à la main, devant les colonnes qui la flanquent. Ils fixent chacun l’objectif, contrairement aux adultes assis au premier rang. Les modèles adoptent des attitudes diverses, seules Anna et la baronne sont pratiquement dans la même position, mais en symétrie. La qualité de l’image, très nette et bien exposée, permet d’admirer la richesse des toilettes féminines ainsi que la diversité des motifs qui rehaussent les tissus et les dentelles. La baronne de Staël porte une capote voilée et un châle en filet de dentelle sur sa robe à plumetis qui contraste avec celle à carreaux d’Anna. Mademoiselle Pomaret, dont les cheveux sont retenus dans une voilette noire, a recouvert ses épaules d’une longue étole en dentelle foncée qui se déploie sur sa robe rayée.
Ce daguerréotype, exposé et publié en 2019 (Auer 2019, p. 72), a visiblement été restauré récemment. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non