Sur cette grande stéréoscopie, un groupe de quatorze personnes pose de façon assez conventionnelle devant la façade principale de la maison de maître de Beaulieu. Une fois n’est pas coutume, il ne s’agit pas de parents proches d’Eynard, à l’exception d’Anna et de l’un de ses neveux, mais d’amis ou de connaissances qui possèdent des domaines dans la région, tels Armand Delessert, propriétaire de Choisi (Bursinel), accompagné de sa fille Emma de Watteville, Albert Vasserot, qui détient le château de Vincy (Gilly), ou John Archer, du domaine d’Oujonnet (Bursinel). Au verso, une inscription de la main d’Eynard indique le 7 octobre, sans millésime, mais on déduit d’une autre stéréoscopie clairement datée et réalisée le même jour, sur laquelle figurent neuf mêmes personnes habillées et coiffées à l’identique, qu’il s’agit de 1854 (dep 3830). Eynard signale que ces vues ont été prises à trois heures et demie, mais il s’est forcément écoulé quelques minutes entre les deux. En effet, cinq protagonistes présents sur celle-ci ne le sont pas sur l’autre et, à l’exception d’Anna et de John Archer, chacun a changé de place. Eynard précise encore qu’il a effectué ce daguerréotype en 12 et 14 secondes. Parmi les sept stéréoscopies portant l’indication du nombre de secondes nécessaires, c’est le temps le plus court, certaines ayant nécessité 20 à 30 secondes, voire 61 secondes (2013 001 dag 070). Il s’agit en outre d’une demi-plaque, format qui nécessite un temps de pose plus long que les formats plus réduits.
Eynard a souvent choisi la serlienne centrale devant laquelle pose ce groupe comme cadre de ses portraits de groupe, car les colonnes et les niches à statue qui la flanquent rythment et structurent la composition. Comme sur la plupart des daguerréotypes, l’image est inversée (la statue de Mercure se trouve en réalité à gauche de la baie). La vue de trois quarts permet à Eynard de rester sur un terrain plat et d’éviter ainsi les déformations. Le store brodé qui surmonte la baie occupe une place importante dans ce daguerréotype, comme dans bien d’autres, et couronne tel un dais le groupe de personnes. Il faut cependant relever qu’il reste très flou sur la vue de droite, de même qu’Antonie Vasserot, debout à gauche d’Eynard. La clarté de cette image permet de bien distinguer les visages, contrairement aux lignes architecturales, qui sont un peu estompées. Elles apparaissent plus distinctement sur la vue de gauche, moins exposée, sur laquelle certaines personnes sont en revanche un peu trop sombres. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non