Jean-Gabriel Eynard avec l'architecte Charles Gabriel Diodati dans l'annexe du palais Eynard

Jean-Gabriel Eynard et Charles Diodati sont entourés d’objets de la collection du photographe, qui n’a certainement pas choisi par hasard une plaque stéréoscopique pour représenter des sculptures. Cette vue a été composée avec une visée esthétique toute particulière qui n’a négligé aucun détail. Eynard joue magnifiquement avec l'intensité et les contrastes tant des vêtements noirs et des étoffes chatoyantes qui occupent le premier plan, que des blancs qui dominent dans les statues du fond. La teinte des chapeaux et des pantalons vient nuancer cet effet. Les copies de statues antiques à l’arrière-plan, parmi lesquelles figure le "Tireur d’épine", sont légèrement floues et donnent à l’image toute sa profondeur. Elles accentuent l’effet de relief attendu des vues stéréoscopiques. L’Amazone à gauche se trouve actuellement dans le vestibule du palais de l’Athénée à Genève. Quant au "Tireur d'épine", réalisée par le sculpteur italien Lorenzo Bartolini pour Eynard, la copie a probablement été donnée par Anna Eynard-Lullin à la Société des Arts qui l'a placée dans le palais de l'Athénée où elle se trouve toujours (Extermann, 2021). On reconnaît par ailleurs une "Diane de Gabiès" (original à Paris, Musée du Louvre), qui est aujourd'hui conservée dans l'escalier d'un immeuble de la promenade des Pins (propriété Ville de Genève), un "Mercure en pied" (original au Musée des Offices à Florence) et un "Mercure assis" dont l'original est au Musée archéologique de Naples (ibidem).

Le brouillage de l’image, tel que dans la zone verticale à gauche de la bande de séparation des vues, est courant dans les premières vues stéréoscopiques. Ce défaut nous permet de leur attribuer une date de peu postérieure à septembre 1852, moment où Eynard prend ses premières vues stéréoscopiques (Nicolas Crispini, Genève en relief & autres faits divers, Genève, 2015, p. 12). (U. Baume-Cousam)