Jean-Gabriel et Anna Eynard avec l'historien Albert de Circourt, des membres de leur famille et les Naville sur la terrasse de Beaulieu

Une fois de plus, c’est devant la façade principale de la maison de maître de Beaulieu qu’Eynard et son épouse ont pris la pose en compagnie de quelques parents et amis. Une inscription, sans doute d’origine, indique l’année 1845 ; une autre, plus tardive, précise le nom des personnes représentées. À droite d’Anna, on reconnaît Edouard Naville (1787-1851), agronome et homme politique genevois qui fut, entre autres, conseiller d’État, syndic et membre du Grand Conseil, ainsi qu’administrateur de la Manufacture des glaces de Saint-Gobain en France. Il est accompagné de sa belle-mère et de son épouse, assises de part et d’autre d’Eynard, et de son fils Gabriel, debout au deuxième rang tout à gauche. Devant ce dernier, Anna Eynard est assise pratiquement de profil, comme souvent, sa petite-fille Hilda à ses pieds. Eynard, quant à lui, serre la petite Marie de Regny contre lui. Derrière eux, Alphée de Regny porte son fils Henri − habillé d’une robe comme c’est alors l’usage pour les garçonnets − sous le regard attentionné de son épouse qui se penche légèrement dans leur direction. L’homme debout entre Alphée et Charles Eynard est l’historien et journaliste Albert de Circourt (1809-1895), futur conseiller d’État français et chevalier de la Légion d’honneur. Quant à la femme debout à gauche de Charles, il s’agit d’Anna Fuzier-Cayla, une nièce d’Anna Eynard devenue veuve en 1840. Une fois de plus, l’arrière-plan architectural constitué par la porte-fenêtre flanquée de deux colonnes structure la composition et lui confère une certaine symétrie. L’image penche cependant vers la droite, fait assez rare chez Eynard, qui apporte d’ordinaire beaucoup de soin à ses cadrages. Si l’alignement des modèles sur deux rangs demeure assez traditionnel, chacun adopte une position différente et la plupart ne regardent pas en direction de l’objectif. Cette variété anime ce portrait de groupe, de même que le geste affectueux d’Eynard envers la petite Marie de Regny, ou celui d’Alphée qui tient son fils de sorte qu’il apparaisse bien sur la prise de vue. (I. Roland)