Sur ce daguerréotype daté du mois de juillet 1850, on voit Eynard en compagnie de sa fille Sophie, de son gendre Charles et de ses deux petits-fils, âgés de 13 et 16 ans. A l’arrière-plan, on reconnaît la porte de cave et les piliers en treillage de la volière du domaine de Beaulieu qui structurent la composition et lui confèrent une certaine symétrie. Au-devant, les personnages sont assis sur des chaises face à l’objectif, Eynard ayant renoncé à créer une mise en scène. Pourtant, rien n’est laissé au hasard et chacun adopte une attitude différente qui permet d’éviter toute monotonie, voire de suggérer que certains modèles n’ont pas encore pris la pose. Ainsi Charles Eynard cherche-t-il ou remet-t-il quelque chose dans la poche de son gilet sous sa redingote claire à carreaux, tandis que son fils Gabriel baisse ou ferme les yeux. La composition légèrement pyramidale regroupe, au centre, les trois adultes coude-à-coude, le regard tourné vers l’objectif ; de part et d’autre, les deux adolescents, de trois quarts, se tiennent légèrement à l’écart et un peu en avant. La position des jambes et des mains diffère d’une personne à l’autre : par exemple, Gabriel a les mains jointes et les jambes croisées, alors que son petit frère croise les bras, une jambe repliée, l’autre tendue. Sophie, deux doigts pressés contre sa joue, le coude soutenu par son autre main, semble dubitative ou simplement rêveuse. Un fin voile de lingerie est fixé dans ses cheveux. Elle porte un demi-tablier à triple rangs de franges sur sa robe ornée en son centre de soutaches. Les deux adolescents sont vêtus d’un costume clair en tissu finement rayé. Contrairement à ceux des deux hommes adultes, leurs pantalons ne sont pas tendus par des sous-pieds. L’alternance entre les tissus clairs et plus foncés rythme et anime la composition, ainsi que les motifs à carreaux ou rayés des vêtements masculins. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre