Ce portrait de famille où l’on reconnaît Eynard et son épouse, leur fille Sophie, leur gendre Charles et leurs petits-enfants, a été pris devant la galerie à colonnes de la façade latérale de la maison de maître de Beaulieu. L’image n’est pas datée, mais en fonction de l’âge des trois enfants, nés respectivement en 1834, en 1835 et en 1837, on peut la situer vers 1846-1847, ce que confirme la présence d’un poinçon du fabricant Alexis Gaudin, qui a commencé à produire des plaques en 1846. Les modèles sont placés devant une toile peinte qui représente visiblement le lac Léman et le Grammont (pour en savoir plus, voir 2013 001 dag 025). Cette toile de fond est positionnée de sorte que les frondaisons de l’arbre peint se confondent avec les feuilles réelles des plantes grimpantes de la colonne visible à gauche. La composition, très équilibrée, tend à la symétrie, les personnages s’inscrivant entre les deux colonnes végétalisées qui structurent et délimitent l’image. Assise au premier rang, Sophie, placée dans l’axe, est entourée de sa mère et de ses deux fils, si bien que l’alignement de leurs têtes dessine une diagonale. Anna, pratiquement de profil comme à son habitude, a tourné son visage vers sa fille, les autres sont de face ou légèrement de trois quarts. Debout au deuxième rang, Charles et Jean-Gabriel Eynard, le regard dirigé vers la gauche de l’image, sont placés presque symétriquement de part et d’autre de l’axe formé par Sophie. De taille similaire, leurs imposantes statures somment la composition et leurs redingotes foncées contrastent avec les habits clairs des autres personnages. À gauche la jeune Hilda, l’air pensif, fait pendant à son frère aîné. Les deux garçons portent une blouse russe ceinturée, boutonnée de côté sur la poitrine et ornée d’un petit col blanc. Les épaules d’Hilda sont recouvertes d’une fine capeline de lingerie à volants qui laisse entrevoir le motif rayé de sa robe. On aperçoit le bas du pantalon de lingerie qu’elle porte sous sa robe, signe qu’on la considère encore comme une enfant. Le passe-partout à fenêtre ovale, utilisée une cinquantaine de fois par Eynard, renforce le côté intimiste de ce portrait de famille. (I. Roland)
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