Jean-Gabriel Eynard en tenue d'intérieur un journal à la main

après 26.06.1850
CIG Eynard standard
CIG Eynard secondaire
Image HD
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Notice
Dans ce splendide autoportrait, Eynard se met en scène debout de trois quarts à mi-jambe, vêtu d’un gilet, d’un pantalon à carreaux et d’une robe de chambre, le regard dirigé vers un objet hors cadre, le Journal de Genève dans la main droite. Ce quotidien fondé en 1826 est connu pour son engagement en faveur des causes indépendantistes telles que celle défendue par le philhellène Eynard. La nouvelle ligne graphique adoptée par ce journal le 26 juin 1850 permet de situer cette plaque après cette date.

C’est la magnifique tenue d’intérieur d’Eynard qui attire ici toute l’attention. Du même style que la calotte en feutre, la longue robe de chambre en damassé qu’un épais cordon permet de tenir fermée s’inspire des caftans orientaux. Eynard joue avec virtuosité sur les différents motifs des tissus, les uns rehaussant les autres.

Les teintes chaudes qui se dégagent de cette plaque peuvent être liées à différents facteurs. Les substances accélératrices, qui réduisent les temps de pose et modifient les tonalités monochromatiques de la plaque daguerrienne (Paris et le daguerréotype français 2003, p. 263), peuvent, suivant la substance, donner des teintes jaune or ou jaune orangé. Il se peut aussi que le virage au chlorure d’or, qui stabilise l’image et renforce les contrastes, jaunisse la plaque en déposant une fine couche d’or à sa surface (Lerebours Secrétan, Traité de photographie, 5e édition, Paris 1846, chapitre XI, p. 46-50). L’oxydation de l’argent, due à la pénétration de l’air à l’intérieur de l’écrin, engendre un fin voile jaune qui pourrait expliquer les tons chauds de ce daguerréotype. D’importantes ternissures brunes et noires sont nettement visibles sur les bords (Anne Cartier-Bresson, « La conservation des daguerréotypes : examen de quelques problèmes et de leurs solutions historique », dans : Paris et le daguerréotype, Paris 1989, p. 61). Que ces tonalités soient intentionnelles ou fortuites, d’origine ou dues à une détérioration du support, cet autoportrait d’Eynard compte parmi ses plus belles plaques par sa composition, ses teintes chaudes à dominante dorée et la magnificence de la robe d’intérieur.

Ce portrait a été considéré comme emblématique de la production de Jean-Gabriel Eynard et reproduit dès le 19e siècle à plusieurs reprises, notamment sous forme de carte de visite par le photographe Philippe Plan. (U. Baume-Cousam)

Description
Numéro d'inventaire
DE 025
Autre(s) no(s)
Ancien numéro d'inventaire : 1970/272
No. de catalogue : 1.1.
Dénomination
Photographie
Auteur(s)
Datation
après 26.06.1850
Référence(s) géographique(s)
Lieu représenté : Beaulieu, Gilly (maison de maître, terrasse)
Iconographie
Personne(s) représentée(s)
Jean-Gabriel Eynard (1775-1863), banquier, photographe, philanthrope et philhellène
Type(s) de représentation
autoportrait
portrait
Données de base
Matière/technique
daguerréotype 1/4 de plaque, redressé; fenêtre rectangulaire aux angles arrondis; verre de protection peint
Dimensions
montage: 149 x 128 mm
fenêtre: 89 x 68 mm
Propriétaire
Ville de Genève, Genève
Acquisition
Détenteurs précédents
Ancienne possession : Hélène Le Fort née Diodati, avant 1932
Mention obligatoire
Bibliothèque de Genève
Références
Bibliographie
Baume-Cousam Ursula (dir.), Rivier Alexis (dir.), Schätti Nicolas (dir.) avec la participation de Fischer Elizabeth, Goncerut Véronique, Martorana Cinzia, Roland Isabelle, Sardet Frédéric, Eynard photographe : catalogue raisonné des daguerréotypes (1840-1855), Genève, Bibliothèque de Genève, 2020, 1 ressource en ligne
Tissot Karine (dir.), Artistes à Genève de 1400 à nos jours, Genève, L'Apage, Notari, 2010, Collection GrandArt, LXVIII, 672 p., p. 202, ill. 2
Fornara Livio, Anex Isabelle, Currat Michel, Familles d'images : en visite chez Jean-Gabriel Eynard, [Exposition, Genève, Centre d'iconographie genevois à la Maison Tavel, du 22 mars au 26 août 2001], Genève, Musées d'art et d'histoire, 2001, 1 dossier (33 f., [6] cartes postales)
Kaenel Philippe, " "Je crois que l'art est fait pour quelque chose de plus" : Jean-Gabriel Eynard, Antonio Fontanesi, la photographie et les arts graphiques dans les années 1850", Kunst + Architektur in der Schweiz = Art + architecture en Suisse = Arte + architettura in Svizzera, Bern, Gesellschaft für Schweizerische Kunstgeschichte , 2000, Jg. 51, H. 4, p. 6-14, p. 6, ill. 1
Cartier-Bresson Anne, La conservation des daguerréotypes : examen de quelques problèmes et de leurs solutions historiques, Dans : Reynaud Françoise (éd.), Paris et le daguerréotype : Paris, Musée Carnavalet du 31 octobre 1989 au 28 février 1990, Paris, Paris-Musées, 1989, p. 60-68, p. 61
Lerebours Noël-Marie Paymal, Secrétan Marc, Traité de photographie, contenant tous les perfectionnements trouvés jusqu’à ce jour, appareil, panoramique, différence des foyers, gravure fizeau, Paris, Lerebours et Secrétan, octobre 1846, 5e édition entièrement refondue, 288 p., p. 46-50