C’est en septembre 1852 qu’un groupe composé de dix personnes est photographié devant la porte-fenêtre latérale gauche de la maison de maître de Beaulieu, l’image étant inversée. Il s’agit des deux premières stéréoscopies datées d’Eynard, qui ont été prises le même mois (autre exemple 2013 001 dag 087). Alignés sur deux rangs, les modèles adoptent des positions et des attitudes diverses qui animent la scène, tantôt debout, tantôt assis, bien droits ou penchés en avant ; de face, de trois quarts ou pratiquement de profil ; les mains jointes ou croisées ; une main sur la hanche, sous le gilet ou contre le visage ; les yeux tournés de côté, baissés ou perdus au loin… Outre le couple Eynard, on reconnaît Sophie, Charles et Hilda Eynard, la famille de Caroline de Traz, une nièce d’Anna, ainsi qu’une certaine Madame Dissentis qui figure sur deux autres stéréoscopies, prises en octobre et en novembre 1852 (2013 001 dag 130 et fao 38392). Un tapis a été déroulé sur le perron de la porte-fenêtre, dispositif que l’on retrouve sur d’autres daguerréotypes. Les motifs du châle d’Anna et de la robe de chambre d’Eynard, tous deux placés à des hauteurs différentes de part et d’autre du groupe, tranchent avec les vêtements unis des autres figures. Anna porte un bonnet de lingerie et une ferronnière, alors que les femmes plus jeunes sont tête nue ou coiffées d’une capote. Quant à Eynard, il a élaboré une petite mise en scène autour de sa personne tout à droite de l’image, comme s’il posait pour un autoportrait. Il est en pantoufles et robe de chambre, clin d’œil, sans doute, aux représentations de philosophes des siècles précédents, dont il s’inspire avec humour. On le voit dans cette tenue sur une dizaine de daguerréotypes, avec quatre modèles différents de robe de chambre ; celui-ci n’apparaît que sur cette image. Eynard tient un livre dont on ne parvient malheureusement pas à déchiffrer le titre. À côté de lui, une sorte de petite fontaine décorative agrémentée d’oiseaux trône sur un guéridon. Vraisemblablement apprécié d’Eynard, cet objet figure sur quatre autres stéréoscopies (2013 001 dag 063, 2013 001 dag 079, 2013 001 dag 119 et 2013 001 dag 122). Une corbeille de fleurs est posée au pied du guéridon, juste à côté du tapis. Il est difficile aujourd’hui de saisir la signification de ces divers objets et accessoires dont la fonction ne se réduit probablement pas à la seule animation de la composition. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Non