Comme l’indique une inscription au verso, la ferme du domaine de Beaulieu et sa cour constituent le sujet principal de cette belle stéréoscopie postérieure à 1851. Cet édifice apparaît partiellement sur quatre daguerréotypes d’Eynard, dont trois, celui-ci y compris, sont inversés. Est ici particulièrement remarquable l’association entre la façade sud-est, bordée de galeries, et la mare placée au premier plan. Il en résulte un ensemble extrêmement pittoresque qui se démarque de la production habituelle d’Eynard. La composition élaborée évoque celle d’un tableau et la grande maîtrise de la lumière crée un bel équilibre entre les zones claires et sombres. Si le bâtiment subsiste, il a été passablement transformé, puisque les galeries et les escaliers en bois ont été supprimés. Au-delà de ses qualités esthétiques, ce daguerréotype constitue un témoignage précieux de l’état ancien de cette ferme et, à une échelle plus large, de la vie rurale à cette époque. Rappelons qu’Eynard est sans conteste l’un des premiers en Suisse, avec Joseph-Philibert Girault de Prangey, à photographier des bâtiments agricoles. Deux employés en bras de chemise et tablier, qui n’ont pu être identifiés, se tiennent debout chacun sur une galerie. Ils animent la scène tout en indiquant l’échelle du bâtiment.
La vue de gauche est un peu mieux éclairée et plus nette que celle de droite, dont les lignes verticales sont légèrement obliques. L’ensemble reste cependant d’une grande qualité et originalité. (I. Roland)
Inscription posthume : Non
