C’est dans le parc de la maison de maître de Beaulieu qu’a été prise cette stéréoscopie d’un grand format (demi-plaque), à l’ouest de la maison de maître dont on aperçoit, à gauche, l’extrémité de l’aile de l’orangerie élevée en 1819. L’image est inversée et l’on devine, à droite, la fontaine à jet d’eau central qu’Eynard a photographiée à diverses reprises (pour en savoir plus, voir 2013 001 dag 055). Une inscription apposée a posteriori au verso de ce daguerréotype permet de le dater de 1854 et d’identifier les personnes représentées. L’éclairage des deux vues diffère légèrement : sur celle de droite, un domestique apparaît derrière le groupe à côté d’un arbuste, alors qu’on le distingue à peine sur celle de gauche. En revanche, le bâtiment est bien visible à gauche tandis qu’il se noie dans le fond sombre à droite, révélé seulement par le lambrequin qui borde son auvent. Comme souvent chez Eynard, la disposition des différentes personnes est savamment étudiée : chacun adopte une attitude particulière, les figures claires et foncées alternent, la scène tend au naturel mais respecte une certaine régularité, voire symétrie. Dans l’axe est assise Suzanne Diodati-Vernet, de face et toute de noir vêtue, qui se détache sur le fond blanc qu’offre la robe claire de sa belle-fille Emilie, debout derrière elle. De part et d’autre de ce personnage central, Sophie et Hilda Eynard, son autre belle-fille, assises respectivement de profil et de trois quarts, déploient leurs amples jupes garnies de volants ; Hilda porte la même robe à volants sur un beau portrait pris probablement l’année de son mariage (DE 038). Bien que dans des positions différentes, ces quatre femmes fixent l’objectif, de même qu’Eynard, debout à la droite du groupe, son chapeau haut-de-forme posé à terre à côté de lui. Seule Anna Eynard, le visage de profil sous sa coiffe à longues attaches ouvragées qui pendent, regarde son époux, attitude qu’elle adopte fréquemment, notamment sur les portraits du couple. Ce groupe ne constitue cependant pas le sujet principal de cette image. En effet, la nature luxuriante qui l’entoure, faite d’arbres, de fleurs et d’arbustes, occupe la plus grande partie de la composition, comme dans plusieurs œuvres tardives d’Eynard. (I. Roland)
inscription sur l'oeuvre
Inscription posthume : Oui