Ce beau daguerréotype non daté, pris à l’angle sud du palais Eynard à Genève, mêle habilement représentation d’architecture, portrait de groupe et scène de genre. Grâce à l’emploi d’un petit miroir ou d’un prisme placé devant l’objectif, l’image n’est pas inversée mais conforme à la réalité, comme la plupart des vues où figure cet édifice. La composition, très étudiée et équilibrée, évoque celle d’un tableau. Quant à la luminosité, parfaitement maîtrisée, elle crée une atmosphère particulière, presque feutrée. Le bâtiment, dont on ne voit qu’une portion de la façade sud-ouest, occupe un peu plus de la moitié droite de l’image ; à gauche, une voiture hippomobile attelée à deux chevaux, conduite par le cocher Jules Lachenal, est arrêtée dans la cour ; à l’arrière-plan, quelques arbres et le mur de soutènement de la Treille. La vue de trois quarts du palais met en évidence son escalier monumental, la statue de lion couché qui marque son départ et les vases Médicis qui bordent le palier. La succession des baies en plein cintre du rez-de-chaussée surélevé rythment la composition. Grâce à un point de vue suffisamment éloigné et à un cadrage approprié, Eynard est parvenu à ne pas déformer les lignes horizontales et verticales de l’édifice, valorisées par la lumière qui accentue le contraste entre les zones claires et foncées. Dix personnes, qui n’ont pu être toutes identifiées, se tiennent debout sur les marches de l’escalier, comme si elles attendaient quelqu’un ou s’apprêtaient à partir. Certaines, dont Eynard et les deux fillettes habillées à l’identique, fixent l’objectif ; d’autres, notamment Anna Eynard, tournent leur visage en direction de la voiture hippomobile ; seule la petite Marie de Regny, adossée de profil au pied de l’escalier, regarde du côté d’Eynard qui tient son frère Henri par la main. Une fois de plus, Eynard associe deux domestiques à son portrait de groupe. Toutefois, les différentes classes sociales occupent des espaces distincts : les employés se tiennent près de la voiture hippomobile, et les parents et proches d’Eynard, devant le palais.
Deux daguerréotypes adoptent un point de vue assez similaire, mais avec un cadrage plus large ; sur l’un, on retrouve Marie et Henri de Regny ainsi que Jules Lachenal et des chevaux (p 1973 222) ; sur l’autre, pris en avril 1851, ne figure ni personnage ni animal (84.XT.255.74).
Une reproduction ancienne de ce daguerréotype se trouve à la BGE (Icon P 1952-190-24). (I. Roland)
Inscription posthume : Oui
Inscription posthume : Oui
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