Récemment mis à l’honneur par le Musée d’Art et d’Histoire à l’occasion du centenaire de sa disparition, l’historien et archéologue genevois Max van Berchem (1863-1921) est reconnu pour sa contribution à l’épigraphie arabe, l’étude des inscriptions relevées sur le patrimoine architectural lors de ses voyages en Orient. C’est cependant une autre face de son travail qui est mise en lumière ici, en cette période où Suissesses et Suisses redécouvrent leur pays avec une curiosité renouvelée. Car dès le début, son action est tendue vers un objectif, la préservation du patrimoine. En premier lieu, une impérieuse nécessité s’impose à lui : le besoin de documenter par la photographie l’architecture qui façonne les paysages dont la transformation rapide s’opère sous nos yeux. Il se lance dans cette mission avec un sentiment d’urgence, pour consigner systématiquement les traces de ce qui, à ses yeux, constitue notre histoire. Car l’art monumental helvétique est le produit de notre histoire « à la fois très originale et très variée ». « Sans doute n’avons-nous ni les cathédrales de France, ni les palais de Florence et de Venise, ni les mosquées de l’Espagne, ni les temples de Rome et d’Athènes ; pourtant nous avons un art monumental. C’est un art pittoresque et savoureux, plein d’imprévu, de charme et de couleur locale ». Max van Berchem adresse ces mots en 1899 à l’assemblée du tout jeune Touring Club Suisse, association vouée alors à la pratique cycliste. Il exhorte les quatre milles membres qui déjà la composent à se joindre à son effort, dans un discours intitulé « l’art à bicyclette ». Au nom de l’art, il les invite à sillonner les routes de Suisse, matériel photographique au guidon, pour documenter notre histoire avant que la mémoire ne se perde.