
Le photographe de presse genevois Max Kettel fait carrière dans le photojournalisme entre 1930 et 1955 en sillonnant la Suisse. Il travaille principalement pour le compte de magazines illustrés qui connaissent en Suisse un grand essor depuis la fin des années 1920, auxquels il propose ses reportages.
Cette série de dix-sept clichés sur les sports d’hiver est réalisée en 1938 dans les Alpes vaudoises, à Villars-sur-Ollon. Vraisemblablement commandée par l’Office du Tourisme Suisse avec lequel Max Kettel collabore régulièrement, elle témoigne de l’engouement que le tourisme d’hiver suscite, en particulier auprès d’une clientèle aisée. Celle-ci fait la découverte de sports qui se développent en ces années 1930 à la faveur d’innovations, comme le premier téléski de Suisse, apparu en 1834 à Davos.
Le reportage de Max Kettel fait ici la part belle à l’une des stations parmi les plus attrayantes d’Europe à l’époque, Villars-sur-Ollon, et aux activités sportives qu’elle offre, ski, luge, ou encore curling. On y promeut la modernité des remontées mécaniques, comme le funiluge, ce tout moderne remonte-pente qui se présente mi-luge, mi-funiculaire. Tracté par un câble sur des centaines de mètres, le funiluge relie Bretaye au sommet du Grand Chamossaire. Il fonctionnera entre 1936 et 1953.
Une image se distingue des autres dans cette série, par le point de vue qu’elle donne sur les montagnes à travers les jambes écartées d’un skieur. Son cadrage omet le corps du skieur pour ne donner à voir que ses jambes, ouvertes sur le paysage alpestre qu’elles découpent en une forme triangulaire qui fait écho aux pointes enneigées des montagnes. Ce cliché propose une approche différente des autres vues de Villars qui correspondent sans doute davantage aux attentes de la presse. Cette manière de saisir le sujet, plus audacieuse et expérimentale, permet de rattacher cette esthétique aux artistes d’avant-garde. Elle offre en quelque sorte une expérience visuelle novatrice qui se démarque d’une prise de vue plus convenue. Il est clair que Kettel défend le concept d’une « nouvelle vision » au même titre que les avant-gardes : « Le photographe doit donner une nouvelle apparence au vieil objet familier, (en l’occurrence ici la montagne).