Longtemps, le pont de la Coulouvrenière fut le dernier pont situé en aval sur le Rhône. Construit en 1856-1857 par l’ingénieur polonais Blotzniki afin de relier les boulevards fazystes des rives droite et gauche, le pont, avec ses fines poutrelles métalliques, n’aurait pu supporter le trafic de l’Exposition nationale de 1896 : il fut donc démoli fin 1894 et remplacé.
Le chantier débute en janvier 1895 : pour chacune des arches de 40 m, les architectes Bouvier et Habicht font réaliser une série de onze cintres en bois qui serviront de support au coffrage du tablier. Tout avance rapidement puisque le 1er août 1895, les éléments de soutien de la première voûte sont en place, s’appuyant sur la pile du quai du Seujet et sur celle de la bande de terre qui sépare les deux bras du Rhône.
Le pont est inauguré le 27 avril 1896 : son décor comprend quatre colonnes de granit rose, un parement à bossage en pierre de taille et une balustrade en marbre de Saint-Triphon, tous ces éléments disparaissant lors de l’élargissement des années 1970. À peine achevé, piétons, voitures à cheval et tramway à vapeur l’empruntent déjà quotidiennement.
Pour éprouver la solidité du nouvel ouvrage, différents tests de charge ont été effectués : le 11 avril 1896, roulant sur une voie démontable de 300 m qui devait les amener de Cornavin à la Halle des machines de l’exposition, deux locomotives du Jura-Simplon et du Gotthard (170 tonnes) ont stationné sur le pont.