
Pour son enquête photographique sur la mobilité, Zoé Aubry s’est penchée sur l’impact de la pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19) sur le recours à la chirurgie plastique. L’augmentation des visioconférences a conduit nombre de femmes, et d’hommes, à remodeler leur visage. Sur les écrans, nos faces sont anamorphosées, nos nez sont grossis ; plus que le regard direct des autres, c’est la confrontation avec ce médium qui a été déterminante pour construire la vision que ces personnes avaient d’elles-mêmes. Pour rendre compte des métamorphoses du corps induites par une évolution sociétale, Zoé Aubry a superposé sur son ordinateur des clichés pris avant et après les interventions chirurgicales. Le processus rend ainsi compte du rôle des écrans. Les images qui en résultent – profils des mentons et des nez, gros plans sur les yeux, les oreilles ou les lèvres – forcent le regard à chercher l’humanité des visages dans la malléabilité des tissus vus en transparence. Zoé Aubry ponctue sa série de bribes de témoignages trouvés dans la presse, bouts de phrases fixés par des strips de cicatrisation.